Discriminations : l’ONU sans pitié avec la France
Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale dénonce avec vigueur l’action du gouvernement.
La France a été stigmatisée par les experts du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU (Cerd), qui ont dénoncé un « manque de volonté politique » face à une « recrudescence » des actes racistes dans ce pays.
La politique française envers les minorités a été étudiée dans le cadre de l’examen périodique des pays ayant ratifié la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965. Le débat a pris un tour politique après les dernières annonces fracassantes de Nicolas Sarkozy au sujet de la sécurité. Dans ce contexte chargé, la délégation française a présenté un rapport énumérant les mesures mises en place et surtout annoncé le lancement très attendu d’un plan national de lutte contre le racisme.
« Incitation à la haine »
Cette annonce n’a pas permis d’amoindrir les critiques virulentes, notamment sur les déclarations du président, qui constituent selon un expert « une incitation à la haine ». La France est confrontée à une « recrudescence notable du racisme et de la xénophobie », a affirmé l’expert togolais Kokou Ewomsan.
Concernant les gens du voyage, certains ont dénoncé un amalgame avec les Roms et surtout le système d’attribution de visa de circulation tous les trois mois. « Le carnet de circulation nous rappelle l’époque de Pétain », a affirmé Waliakoye Saidou (Niger). Surprise, la délégation française s’est attachée hier à défendre bec et ongles les positions du gouvernement.
Lellouche à la rescousse
Plusieurs associations antiracistes ont exprimé leur accord avec les sévères critiques du Cerd. « Je suis triste de voir la France épinglée et montrée du doigt de la sorte. Mais il faut dire que la plupart des critiques et reproches sont fondés », a déclaré Alain Jakubowicz, président de la Licra. « Le plus inquiétant, c’est que la majorité des Français ont l’air de ne pas se sentir concernés », s’est-il alarmé. « Il devrait y avoir un tollé. Or, au mieux, les gens s’en moquent, au pire, ils souscrivent. »
De son côté, Pierre Lellouche s’est chargé de défendre la politique gouvernementale. « Toutes les politiques actuellement menées » par la France, a précisé le secrétaire d’État aux Affaires européennes, visent à « l’égalité des droits des femmes, la protection des plus vulnérables contre les trafics d’êtres humains et la préservation du premier des droits de l’homme, qui est le droit à la sécurité », a-t-il justifié. La France est un État de droit rigoureusement respectueux des droits de l’homme dont elle a été la première inspiratrice depuis deux siècles », a-t-il ajouté.